Eigenhändiger Brief mit Unterschrift.
Autograph ist nicht mehr verfügbar
An seine marraine du guerre, Madame Fernadn Dreyfus: „Ma chère marraine, votre lettre est arrivée au moment que j'allais vous écrire. Hier soir, une lettre de Garban [le compositeur Lucien Garban] m'avait appris que M. Dreyfus était souffrant, mais sans me donner beaucoup de détails. J'espère qu'il va se rétablir bientôt... Le temps effroyable qui a sévi à Paris a dû beaucoup contribuer à ce malaise, qui va sûrement se dissiper au contact du soleil, lequel est revenu, d'après ce qu'on m'écrit. Ici, on se croirait en plein été, depuis 6 jours – à part la neige, radieuse sous cet éclairage. Eh bien ! Ça ne m'a pas remis du tout. Je ne dors plus – tout au plus 4 heures par nuit. Vous pensez si je suis mal fichu. Demain, si ça ne va pas mieux, je consulterai le docteur Burty, de passage pour quelques jours. Parce qu'il n'y a rien, ici, ni médecin – il y en a un qui passe une fois par semaine, et qui a l'air un peu ballot – ni pharmacien... ni même de coiffeur. (Du moins, il y en a un, mais qui ne sait y faire qu'à la tondeuse). De sorte que M. Appert – le chef de famille de mes compagnons de table – et moi, commençons à ressembler à des "artistes". Il va falloir nous transporter en traîneau, soit à Sallanches, soit à St-Gervais un de ces jours. On se fera couper les tifs très court, car ça revient cher. La nouvelle que Roland est à Panam m'en a bouché une surface bien moindre que vous supposiez : Garban me l'avait annoncée. J'espère que vous allez pouvoir bientôt vous reposer, et que votre prochaine m'annoncera le rétablissement complet de M Dreyfus. Souvenir affectueux à tous – Roland et Suzanne y compris, quand vous les verrez – de votre dévoué Maurice Ravel. Connaissez-vous les Derbanne – qui ont habité Lyons? Ce sont des amis de mes compagnons d'exil [die Dreyfus besaßen ein Haus in Lyons-la-Forêt, wo Ravel wohnte].“