ecrivain (1772-1825). L.A.S., Lyon 14 frimaire VII (4 décembre 1798), au citoyen Clewaski [Adam Klewanski] à Toulouse. 2 pages et demie in-4, adresse (un peu tachée, petite déchir. par bris de cachet).
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Belle et rare lettre à son ami helléniste, fils naturel du prince Adam Czartoryski. - «Si jamais lettre m’a fait plaisir, c’est celle que j’ai reçue de vous, [...] et si jamais j’ai maudit le vacarme de Paris, les affaires, les plaisirs, les voyages, c’est lorsqu’ ils m’ont ôté le repos et la liberté d’esprit que j’ai toujours désiré pour m’entretenir avec vous». Il l’avait reçue avant son départ de Rennes, et pensait répondre de Paris, «croyant qu’il ne me faudrait pour cela que de l’encre et du papier.
Ce fut le temps qui me manqua, chose rare en ce pays-là où on en perd plus qu’ailleurs. De Paris je suis venu ici où les premiers moments que je puis arracher à des affaires odieuses et à des conversations humiliantes pour un homme accoutumé à causer avec vous, je les emploie, non à vous répondre (c’est un plaisir que je ne puis goûterà mon aise et sans distractions), mais à vous apprendre que je m’y prépare [...] rien au monde ne peut me faire plus plaisir qu’une correspondance comme la vôtre»; et il évoque «le souvenir des heures agréables que j’ai passées dans votre entretien». - «J’aime fort le récit que vous me faites de vos courses dans les Pyrénées; mais pourquoi faut-il que l’idée de ce charmant voyage vous soit venue si tard». Ils auraient pu aller ensemble à Bagnères: «Ainsi je m’en prends à mon étoile, et j’accuse les dieux qui, pour quelques raisons que nous ignorons, ne veulent pas apparemment nous voir ensemble si près d’eux, non plus que Castor et Pollux. C’est tout ce que je veux vous dire quant à présent sur cet article, me réservant à payer bientôt vos descriptions des Pyrénées, d’une histoire de mes voyages, accidents, fortunes diverses depuis Rennes jusqu’ à Rome, où je vais par ordre du Ministre»... Et il cite quelques vers d’Horace... «Me pardonnerez-vous toutes ces citations et suis-je excusable en effet de vous envoyer une misérable rhapsodie, brodée ou bordée de la pourpre d’Horace, au lieu d’une lettre décente [...] je vous écris stans pede in uno, dans une maudite auberge, entouré de bruit et d’importuns. Est-ce dans une pareille situation de corps et d’esprit qu’on peut causer avec vous ?»... - Il compte rester à Milan 5 ou 6 semaines. «J’inonderai le premier papier qui me tombera sous la main d’un déluge d’observations dont je charge pour vous ma mémoire depuis que j’ai reçu votre lettre. Lectures, voyages, spectacles, bals, auteurs, femmes, Paris, Lyon, les Alpes, l’Italie, voilà l’Odyssée que je vous garde, mes lettres vous pleuvront. Une page pour une ligne, et dans peu vous en aurez haut comme cela, c’est à dire pardessus la tête»... - Correspondance générale (éd. G. Viollet-le-Duc), t. I, p. 99.